Magnificat

De son vivant même, le Magnificat a établi l’immense renommée de VIVALDI. Dans toute l’Europe d’alors il a été recopié et chanté.

Il fut écrit primitivement pour les Vêpres solennelles de la communauté religieuse de l’Ospedale della Pietà de Venise, un orphelinat de jeunes filles où VIVALDI était maître de violon puis maître de concerts. Des quatre versions connues de la main même du compositeur vénitien, sa version d’origine (RV610b) a donc été composée à l’intention exclusive des voix féminines de ses élèves, et dit-on aussi de la voix plutôt « basse » de la mère supérieure…

Aujourd’hui, nous en connaissons surtout une version retravaillée par VIVALDI lui-même une dizaine d’années plus tard (env. 1720), numérotée RV610, et comprenant trois voix solistes (Soprano, Alto, Ténor), alternant séquences rapides et lentes, de chœurs ou de solistes.

Tirés de versets de l’Évangile selon St Luc, six chorus structurent l’œuvre (Magnificat, Et misericordia, Fecit potentiam, Deposuit potentes, Suscepit Israel, Gloria Patri), et encadrent trois arias aux tournures mélodiques et rythmiques proches de celles utilisées par le compositeur dans ses opéras.

C’est un chant de louanges à la Vierge composé dans un style noble, majestueux et empreint de lyrisme. D’une atmosphère émouvante se dégage souvent une vraie tension dramatique intérieure, et ce n’est pas sans raison ni éloge que le Et misericordia a été comparé et rapproché du Crucifixus de la Messe en Si mineur de Bach, ou encore au Qui tollis de la Messe en Ut mineur de Mozart.

TRADUCTION DES VERSETS DU MAGNIFICAT
1
Magníficat ánima méa Dóminum,
Mon âme exalte le Seigneur,
2
Et exultávit spíritus méus in Déo salutári méo.
Exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !
Quia respéxit humilitátem ancíllæ súæ,
Il s’est penché sur son humble servante ;
ecce enim ex hoc beátam me dícent ómnes generatiónes.
désormais tous les âges me diront bienheureuse.
Quia fécit míhi mágna qui pótens est :
Le Puissant fit pour moi des merveilles :
et sánctum nómen éjus
Saint est son nom !
3
Et misericórdia éjus a progénie in progénies timéntibus
éum.
Son amour s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent
4
Fécit poténtiam in bráchio súo :
Déployant la force de son bras,
dispérsit supérbos ménte córdis súi.
il disperse les superbes.
5
Depósuit poténtes de séde,
Il renverse les puissants de leurs trônes,
et exaltávit húmiles.
il élève les humbles.
6
Esuriéntes implévit bónis :
Il comble de biens les affamés,
et dívites dimísit inánes.
renvoie les riches les mains vides.
7
Suscépit Israël púerum súum,
Il relève Israël, son serviteur ;
recordátus misericórdiæ súæ.
il se souvient de son amour,
8
Sicut locútus est ad pátres nóstros,
De la promesse faite à nos pères,
Abraham et sémini éjus in saécula.
en faveur d’Abraham et de sa race, à jamais.
9
Glória Pátri et Fílio
Gloire au Père, et au Fils,
et Spirítui Sáncto,
et au Saint-Esprit,
Sicut érat in princípio, et nunc, et sémper,
Maintenant et à jamais,
et in saécula sæculórum. Amen.
dans les siècles des siècles. Amen.